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fallacieuses chroniques de la vie parisienne
4 janvier 2012

Pouchkine, Tchaikowski, Garnier et Julia Roberts

Le 23 décembre j’ai dérogé à la règle, et fêté dignement Nöel avec Crâne, autour de notre sapin pisien -Pise > Tour de Pise > rapport au fait qu’il est sévèrement penché à droite)-

Saumon fumé et de trop nombreux plats ont défilé jusqu’à l’ouverture des cadeaux. Il ne faut pas se leurrer, qu’importe son âge, on est plus impatient de déchirer joyeusement les paquets au bas du sapin que de découper la dinde farcie aux marrons. Quoique, en période de crise économique, rien n’est moins sûr.

 Ce que j’ai découvert ce soir là était soigneusement caché à l’intérieur d’une mince pochette, à peine plus grande qu’un billet  Paris-Lille. J’ai fais une seule supputation (j’aime ce mot, pardon)

-         Trop bien, des billets d’avion pour le Vietnam ! On part quand ?

Bon évidemment, ça n’était pas ça, mais je n’étais pas -trop- déçue. Ce qu’il y avait dans cette pochette, que j’ai pris soin d’ouvrir délicatement -ça aurait été con de couper malencontreusement ce présent en deux- c’était du rêve.

 

Deux places, deux excellentes places pour un ballet à l’Opéra Garnier.

 

Onéguine, une tragédie russe de Pouchkine –ce nom était évocateur de pâtisseries jusqu’à ce soir là- sur une musique de Tchaïkovski – Fantasia donc-

Une histoire d’amour assez basique, et comme souvent un peu débile :

Eugène Onéguine est un mec blasé, dépressif et pour compléter le tableau : pauvre. Son pote Vladimir l’invite pour quelques temps à la campagne pour lui changer les idées et lui présenter Tatiana, la sœur de sa meuf (Olga, une niaiseuse sous extas).

Tatiana doit avoir 15 ans à tout casser, passe son temps à lire des romans et écrire des poèmes, et forcément Eugène, il s’en bat les steaks. Lui il veut juste faire son crâneur et avoir le spleen, un peu comme ces filles qui ont l’alcool triste en soirée et qui exaspèrent tout le monde à chialer sur leurs multiples ex.

Tatiana, on ne sait pas trop pourquoi, tombe éperdument amoureuse de l’énergumène, n’en dort pas et lui écris une missive enflammée. Qu’il déchire rageusement. Ouais il est comme ça Eugène, rien à foutre de cette adolescente qui s’offre à lui, rien à battre non plus de ses larmes de désespoir.

Pour se venger de son pote Vlad qui a voulu arranger le coup, il drague ouvertement sa fiancée Olga -qui n’y voit aucun inconvénient- au cours d’un bal. Evidemment le cocufié de la danse ne laisse pas passer l’outrage, et provoque le malappris en duel. Ce dernier s’excuse, implore, les filles s‘y mettent, mais Vlad est un romantique qui a un goût certain pour la tragédie alors il maintient le duel. Et dans les sous bois, il se fait tuer. Il l’a bien cherché.

Dix ans plus tard, Eugène revient de voyage et va faire un tour à la campagne qu'il a ensanglanté auparavant. Tatiana est une magnifique jeune femme, plein de grâce et de bijoux. Elle est mariée au prince du coin et semble heureuse. Mais voilà, les choses ne sont pas si simples : Elle l’aime toujours, et quand il lui fait une déclaration passionnée, elle ne peut résister et se jette brièvement dans ses bras. C’est tout ce dont elle a toujours rêvé, son unique amour se traîne à ses pieds ; il est là, pathétique et plein d’espoir. Mais elle comprend vite que cet être est amoureux de l’idée de l’Amour, et de toute façon elle est mariée, c’est une femme convenable. Convenable mais elle a le sens de la mise en scène : elle déchire en pleurant la déclaration d’amour d’Eugène, avec le peu de forces qui lui restent, afin de lui briser ce qui lui reste de cœur.

Il quitte la pièce dévasté, poursuivi par Tatiana qui s’arrête au dernier moment, tiraillée par sa conscience, elle revient vers le devant de la scène serre les poings et hurle. Enfin on imagine qu’elle hurle, cest pas un opéra.

 

Rideau

 

Je ne vous ai pas vraiment vendu du rêve avec mon résumé low cost, mais le talent des danseurs est de nous faire oublier les incohérences, la simplicité de l’histoire pour en faire un chef d’œuvre tragique.

La frontière est mince entre la danse et la comédie, ces artistes qui survolent la scène sur des pointes vivent l’histoire, ils sont ces personnages et à aucun moment ils ne quittent leurs rôles. L’intensité de leurs regards, la grâce de leurs mouvements sont tels qu’on oublie facilement qu’ils dansent, on se laisse simplement porter par l’histoire rythmée par un orchestre incroyable. La force donnée a cette tragédie vient aussi de la musique qui nous enveloppe durant les trois actes du ballet, revenir au silence est assez éprouvant.

 

Le spectacle auquel j’ai assisté ce soir là, jamais je ne l’oublierai, c’était tellement beau que ma gorge s’est serrée, et rien que d’y repenser j’ai envie de chialer ma race -excusez l’expression- Je me suis sentie comme Julia Roberts dans Pretty Woman, quand Richard l'emmène à l'opéra et qu'elle a cette phrase mémorable "J'ai failli faire pipi dans ma culotte."
Je ne peux que vous inciter à assister à un ballet, ou un opéra selon vos préférences, c’est une expérience inestimable qui a le curieux pouvoir de vous faire retomber en enfance. On se surprend à s’imaginer sur scène, à suivre avec un intérêt particulier la fausse conversation de trois personnages un peu à droite de la scène. Il y a tellement de choses à voir, d’images à assimiler, d’émerveillement à accumuler, qu’on ne sait plus ou donner de la tête, et on finit délicieusement étourdi, avec un seul regret : ne pas avoir découvert cet univers avant.

 

Vidéo d'un spectateur plultôt bien placé ICI


LaLettre
Outch

 

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Tatiana et Onéguine, scène finale

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Tatiana esseulée

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Commentaires
A
Dommage que ça n'ait pas été chanté, t'aurais peut etre vu des arbres ^^
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