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fallacieuses chroniques de la vie parisienne
19 avril 2012

Mauvaises habitudes...

Quand on vit dans une grande ville, on acquiert très rapidement certains réflexes.

En arrivant à Paris, à 18 ans, j’avais l’habitude de sourire quand j’étais de bonne humeur dans la rue. Grave erreur, il n’y a pas plus efficace pour attirer les tarés et les prédateurs. Je répondais aussi quand on m’adressais la parole, rien de mieux pour perdre son temps avec des mecs de la WWF ou des SDF imbibés.

J’ai donc imité les parisiens et acquis des réflexes qui sont devenus peu à peu naturels ; Comme regarder au sol pour éviter les crottes de chien et les regards accrocheurs des dalleux, ou accélérer le pas et sortir des répliques imparables aux mendiants, roumains, jeunes de l’UNICEF, militants du PCF, membres de sectes et j’en passe.

Seulement, ce matin, en allant au travail, juste avant la bouche de métro, une femme d’une cinquantaine d’années, chétive, larmoyant –jusque là rien d’exceptionnel- s’est tournée vers moi, a planté ses yeux bruns dans les miens et m’a dit d’une voix tremblante :
-Madame, aidez-moi, je suis séropositive et…
Et moi, j’avais déjà commencé à secouer la tête, presser le pas et regarder un point imaginaire loin devant. Le temps que je percute, j’avais parcouru une dizaine de mètres.

J’ai fais lentement volte-face, stupéfaite et je l’ai cherché du regard.
Elle était devant la banque, immobile, le dos voûté, les épaules rentrées, comme pour chercher à disparaître. J’ai fais un rapide inventaire de ce que je pouvais faire pour elle : lui donner une partie de mon déjeuner, mais je ne suis pas sûre qu’une part de tarte boeuf aubergine ou qu’une banane l’aide dans sa lutte contre le SIDA. Dans mon porte monnaie en forme de grenouille, 15 centimes se battent en duel, elle n’en aurait sûrement pas voulu, et je ne la blâme pas. J’aurai pu aller la voir, discuter un peu autour d’un café mais voilà, j’étais en retard, j’ai balayé égoïstement cette éventualité d’un revers de main.

Cette scène repasse dans ma tête depuis une presque heure.
Qu'importe qu’elle dise la vérité, qu’elle ait un logement et qu’elle mendie pour se payer de quoi boire ou se piquer.

Cette femme m’a fait l’effet d’un électrochoc.

 doh

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